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Le pays du Tseu

Avoir est à revoir

14 Janvier 2014 , Rédigé par Olivier Chambosse Publié dans #Grammaire

Avoir est à revoir

Les auxiliaires être et avoir sont essentiels en français comme en Tseu ;

on les retrouve un peu partout sous toutes les formes qu'ils sont susceptibles de revêtir. Leur écriture pose problème à bon nombre d'écoliers de langue française et les patoisants qui écrivent sont également confrontés à quelques sérieux problèmes de transcription. Le but du présent article est d'inciter tous les patoisants du Pàys du Tseu à s'interroger sur l'orthographe la plus raisonnable qu'il convient d'adopter pour que les jeunes générations puissent sans problème, lire, comprendre et prononcer correctement ces deux verbes fondamentaux. Nous commencerons par le verbe avoir, non pas parce que l'avoir l'emporte sur l'être mais parce que le verbe avoir est nécessaire pour conjuguer le verbe être. La conjugaison du verbe être fera l'objet d'un autre article.

 

Le verbe awoî

 

Awoî plutôt qu'awâ pour ne pas s'éloigner inutilement du verbe d'origine.

Awoî, avec un w pour marquer la prononciation sans utiliser le "ou" qui dénaturerait le mot. Bien entendu là où on dit avoi il faut l'écrire avoi.

Awoî, avec un ^ sur le i pour l'alourdir et l'allonger.

Awoî, sans le r final qui n'est pas prononcé, ce qui est la règle pour les consonnes finales en tseu.

 

Vous remarquerez dans le tableau qui suit :

- des ` sur quelques a : àyant, àyiz : ils ont pour but de forcer la prononciation du a, en français ayant se prononce ai-iant alors qu'en tseu il doit se prononcer a-iant, l'accent grave sur le a est une invitation à bien prononcer, en quelque sorte.

- des / séparant certains mots les uns des autres au lieu d'un espace. Cette barre est là pour rappeler qu'il convient de ne pas faire la liaison entre ces mots. Tout à fait inutile pour les patoisants de longue date, cette barre est indispensable à ceux qui n'ont pas beaucoup de pratique de la langue.

 

Dans tout le Pàys du Tseu le verbe avoir ne se conjugue pas exactement de la même façon, alors à quoi bon dresser un tableau qui ne sera pas retenu partout ? Tout simplement pour inviter les patoisants qui écrivent le Tseu à se pencher sérieusement sur le bien fondé de leur graphie, à admettre qu'awoî n'est pas d'origine sanscrite ou basque mais française et qu'il convient d'en tenir compte.

 

L'indicatif

 

 

Présent

Passé composé

dz'ai

t'as

ôl a, alle a

nos ans * ou dz'ans**

vos ez *

i'ant

* ans et ez sont la contraction d'avans et avez.

** dz' à la 1ère personne du pluriel est fréquent à tous les temps et à tous les modes.

dz'ai éju* (ou ézu)

t'as/éju

ôl a éju, alle a éju

nos ans/éju ou dz'ans** éju

vos ez/éju

i'ant/éju (la barre de fraction interdit la liaison)

* éju est antérieur à "eu", forme française

** dz' à la 1ère personne du pluriel est fréquent à tous les temps et à tous les modes.

 

 

Imparfait

Plus-que-parfait

dz'awos

t'awos

ôl awot

nos awins

vos awyiz ou vos awins*

i'awint

* l'identité de conjugaison à la 1ère et à la 2ème personne du pluriel est courante.

dz'awos/éju

t'awos/éju

ôl awot/éju

nos awins/éju

vos awyiz ou vos awins* éju

i'awint/éju

* l'identité de conjugaison à la 1ère et à la 2ème personne du pluriel est courante.

Passé simple

Passé antérieur

dz'eus

t'eus

ôl eut

nos eûmes

vos eûtes

i'eurent

Quasiment inusité à l'oral.

dz'eus/éju

t'eus/éju

ôl eut/éju

nos eûmes/éju

vos eûtes/éju

i'eurent/éju

Futur simple

Futur antérieur

dz'arai

t'aras

ôl ara

nos arans

vos arez

i'arant

dz'arai éju

t'aras/éju

ôl ara éju

nos arans/éju

vos arez/éju

i'arant/éju

 

 

Le conditionnel d'un emploi très courant (passé 2ème forme excepté).

 

Présent

Passé 1ère forme

dz'aros

t'aros

ôl arot

nos arins

vos aryiz ou vos arins

i'arint

dz'aros/éju

t'aros/éju

ôl arot/éju

nos arins/éju

vos aryiz/éju ou vos arins/éju

i'arint/éju

Le subjonctif d'un emploi nettement moins courant mais pas inconnu hormis le plus-que-parfait

 

Présent

Passé

que dz'ave

que t'aves

qu'ôl ave

qu'nos àyans

qu'vos àyez

qu'is àyant

que dz'ave éju

que t'aves/éju

qu'ôl ave/éju

qu'nos àyins/éju

qu'vos àyiz/éju

qu'is àyin/éju

Imparfait (rare)

Plus-que-parfait

que dz'eusse

que t'eusses

qu'ôl eut

qu'nos eussions

qu'vos eussiez

qu'i'eussent

inusité

 

 

 

L'infinitif, le participe et l'impératif

 

Infinitif présent

Participe présent

Impératif présent

awoî

àyant

aie,àyons, àyiz

Infinitif passé

Participe passé

Impératif passé

awoî éju

éju, éjue, àyant/éju

aie éju, àyons/éju, àyiz/éju

 

Comment dites-vous ? Dans votre zone du Tseu on ne conjugue pas le verbe avoir ainsi ? Mais voilà qui est fort intéressant. Vous êtes vivement invité(e) à mettre la conjugaison que vous connaissez en parallèle avec celle-ci qui n'a aucunement la prétention d'être la seule conjugaison acceptable. Il n'y a pas un patois mais des patois au Pàys du Tseu et c'est en rapprochant toutes nos différences que nous pourrons tracer les contours du parler Tseu et offrir aux jeunes générations un outil qui leur permettra de lire, de comprendre et de bien prononcer tous les textes dont l'écriture aura été "pesée".

 

Revenons sur la forme archaïque du participe passé "éju" qui se prononce et s'écrit ésu ou ézu ou encore évu au Pàys du Tseu ; Frantz Brunet, auteur d'un remarquable Dictionnaire du parler bourbonnais et des régions voisines, note à l'article "évu" :

La prononciation qui forme deux syllabes en séparant les deux voyelles (é-u), déjà attestée au moyen-âge, s'est maintenue jusqu'au début du 19e siècle en français et jusqu'à nos jours en dialecte. En 1640, Balzac* écrivait à Chapelain : "Dites-moi si vous approuvez la prononciation parisienne qui coupe en deux la syllabe eu, j'ai é-u, il a é-u...".

En conservant é-u, le parler bourbonnais a intercalé, pour éviter l'hiatus, une consonne qui est, soit le v soit le s. Au Pàys du Tseu c'est surtout le s qui l'emporte plus ou moins chuinté.

Il n'y a plus guère que les anciens qui utilisent ce beau participe passé qui ne demande qu'à reprendre du service.

 

*Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654)

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L
En français, le passé simple est un temps que l'on rencontre essentiellement dans la langue écrite, voire littéraire ; son emploi dans la langue parlée est très peu fréquent. C'est pourquoi il me semble qu'il serait très surprenant de l'entendre en patois (langue orale par définition).
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A
Il n'y a pas que pour les écoliers que c'est un casse-tête (et je reste poli pour une fois) ce ^¨§@#¤$ de verbe avoir, pour moi ITOU !
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E
Beaucoup de petits gosses en sabots sur cette photo de classe. Sûrement apprenaient-ils le français comme une deuxième langue. <br /> La grammaire peut certainement apparaître à beaucoup de gens comme une discipline assez austère. Elle est néanmoins essentielle pour comprendre le mode de fonctionnement d'une langue. Il ne faut pas la négliger: c'est le ciment des mots!
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L
Oui, pour tous, sans exception, le français était une langue étrangère. L'effort nécessaire à l'apprentissage du français a donné une génération de gamins qui, à 11/12ans, quittaient l'école après le Certificat d'Etudes Primaires en connaissant bien la langue française, l'orthographe, la conjugaison, avaient des connaissances en arithmétique et en géométrie leur permettant d'accéder facilement à l'apprentissage d'un métier. Je m'arrête là, ça donne envie de pleurer.
A
bié vu l'Olivier<br /> as tu les noms des personnes figurant sur la photo de classe?<br /> <br /> François
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