Adages et expressions populaires: le mariage

Une façon de découvrir la richesse et la vivacité d'un parler passe nécessairement par toutes les expressions de la vie quotidienne qui en illustrent l'inventivité.

Un patois n'est pas seulement constitué de mots qui le différencient du français, mais aussi d'une certaine connivence entre gens d'une même région, qui s'exprime à travers quelques formules toutes faites dont l'emploi contribue à souligner l'originalité d'un terroir.

Le mariage, qui donne lieu à plusieurs expressions, sera le premier volet de ce tour d'horizon :

« Si te r'leutses les pyats (si t'mandzes les râpons), y va pyour quand t'vas t'mar'yi. »

(Si tu lèches les plats, il va pleuvoir quand tu vas te marier)

Certaines formules sont moins empruntes de bonhommie :

Lorsqu'une fille n'était plus vierge en arrivant au mariage, on murmurait :

« Les dradzies sant peurcies. » (Les dragées sont trouées)

Si celle-ci était enceinte avant d'être mariée:

"Alle avot tsé su eune pointe reuillie" (Elle était tombée sur une pointe rouillée; car une telle blessure entraîne une enflure.)

D'un homme qui épousait une fille-mère, on disait :

« Ol a pris la vatse apeu l'viau. » (Il a pris la vache et le veau)

Ou encore :

« Ol a passi la tsérrue d'vant les bus »(Il a mis la charrue devant les bœufs.)

Si une fille à marier jouait les saintes nitouches, elle risquait d'entendre:

"Alle vout s'faire sœur dave quat' sabots so l'yet". (Elle veut se faire bonne sœur avec quatre sabots sous le lit.)

Mais lorsque la jeune épousée devient la maîtresse de la maison, et qu'il est entendu que c'est elle qui gère son domaine, on remarquera que :

« Alle tint l'potson » (Elle tient la louche)

Enfin, d'un homme et d'une femme ayant une vie de couple harmonieuse, on peut dire:

"Is s'diant" (Ils s'entendent bien, ils vont bien ensemble)