Une enquête patoise à Tsandon (commune de Trivy)
A 93 ans madame Yvonne Litaudon a toujours bon pied, bon oeil. Elle a bien voulu accepter d'évoquer quelques souvenirs du Trivy d'autrefois. La conversation s'est déroulée dans un patois assez francisé mais nous avons pu apprécier quelques perles et constater que les conjugaisons sont encore bien vivantes, encore que plus ou moins maltraitées : "Si vous voyot c'qu'y chimbe !" ou encore "dès qu'nous est arrivé".
Parmi les perles j'ai relevé : "dze chouchos" (je soufflais ; on trouve le verbe chouchi à Matour), "Treuvijaud langue nère", expression dont le sens échappait aux personnes présentes.
D'autres verbes et expressions ont été utilisés durant la conversation, j'ai relevé :
"campner" (travailler, s'occuper à quelque chose), verbe dont je ne trouve pas trace ailleurs pour l'instant.
"dzuer du poivre" ou, plus trivial, "tsî du poivre", signifiant s'enfuir lâchement, abandonner un ami en difficulté. Il s'agit d'une expression argotique relevée depuis le début du XIXe siècle.
"Quand nos a point d'tsîre, nos cratse à bas a peu nos s'chite dessus", expression signifiant que faut de moyens, on se débrouille comme on peut, qui peut être rapprochée de "se chiter à cul pyat", s'asseoir par terre faute de siège.
"Alle nous a dzué un pîd d'bitse", variante de l'argot "jouer un pied de cochon", partir sans payer, laisser le plus désargenté payer l'addition, ou plus simplement poser un lapin.