Qui qu’nous poux fare d’un vioux tsin ?
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L’ père Philibert voulot tuer son vioux tsin. Ol étot triste, arri o pouyot pas fare çan à çte poure bêite ; y lu fàyot bié dla pouiñne.
Vlà don qu’ o’ s’ pensot qu’ o devrot aller vâ l’ père Tossaint p’ lu dmander çtu service.
Y étot dach’tôt conv’nu. Is vant vé la veurtsire, is fàyant un pertu bié preuyond. L’ tsin étot vitment attatsi peur qu’ o sâ tôt prêt à encrôter.
Ach’teure, que diot l’ père Philibert, dz’ m’ en vas. T’ y fras sans ma. Apeu o s’en va en piounant « Poure bêite, tot d’miñme »…
Tot p’ un cop ol entendot un cop d’ feusil. « A yé, yé fat, qu’ o s’ diot tristement.
Après qu’ ol avot tiri l’ cop d’ fu en frômant les eux à cause don qu’ ol avot pou de çt’ endzin, quand la feumire étot partie, ol a vu l’ tsin qu’ étot coutsi u fond du trou.
L’ père Tossaint aiñmot point un travau c’ ment çan. Après avâ tué l’ tsin o voulot bié se r’ mette dave un ptiet cop d’ rodze.
Vins don bouère un cop vé ma, qu'l e père Philibert lu a dé, nous vans l’ encrôter après.
L' père Tossaint va dans la maizon, o s’ sitte su eune tsire à couté du père Philibert que diot ren, tôt en r’ pensant à çte poure bêite qu’ avot tant dzappé et gagnoulé pendant longtemps dans la cô d’ sa maizon.
« Mas, qu’ lu diot l’ Tossaint, ol étot bié vioux, o vàyot pu çhé…, y fàyot bin qu’ nous en arreuve itié peur çte brave bêite… Qui qu’ te voux, y faut nous dère qu’ ol a pas seuffri, que dz’ lu ai bàyi l’ cop d’ feusil c’ment qu’y fallot… à ta santé, père Philibert. »
A çtu moment is sentint quitsouse que passot entremi leu tsambes. Qui qu’ is vàyint ? C’ment un vrai revnant, l’ tsin que s’ frottot cont’ la queulotte de vloû u père Philibert…
Adapté d’un conte d’Urigny (rapporté dans les annales d’Igé en Mâconnais.)
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Que faire d’un vieux chien ?
Le père Philibert voulait tuer son vieux chien. Il était triste, aussi il ne pouvait pas faire ça à cette pauvre bête ; ça lui faisait beaucoup de peine.
Alors, il s’est dit qu’ il devrait aller voir le père Toussaint pour lui demander ce service. Ce fut vite convenu. Ils allèrent dans la « verchère » (un lopin de bonne terre proche de la maison), ils firent un trou bien profond. Le chien fut vite attaché pour être prêt à être enterré.
Maintenant, je m’en vais, dit le père Philibert. Tu le feras sans moi. Et puis il est parti en pleurnichant « Pauvre bête, quand même ».
Tout à coup, il a entendu un coup de fusil. « Ça y est, c’est fait », se dit-il tristement.
Après avoir tiré le coup de feu en fermant les yeux parce qu’il avait peur de cet engin, une fois la fumée dissipée, le père Toussaint vit le chien couché au fond du trou.
Le père Toussaint n’aimait pas ce genre de tâche. Après avoir tué le chien il voulut se remettre avec un petit verre de vin rouge.
« Allons donc boire un coup », se dit-il. Nous l’enterrerons après.
Il entre dans la maison, il s’assoit sur une chaise à côté du père Philibert qui ne disait rien, en songeant à cette pauvre bête qui avait tant aboyé et hurlé dans la cour de sa maison.
« Mais, que lui a dit le père Toussaint, il était très vieux, il ne voyait plus clair…, il fallait bien qu’on en arrive là pour cette brave bête… Que veux-tu, il faut nous dire qu’il n’a pas souffert, que je lui ai donné le coup de fusil comme il fallait… à ta santé, père Philibert. »
C’est alors qu’ils sentirent quelque chose qui passait entre leurs jambes. Que virent-ils ? Comme un vrai revenant, le chien qui se frottait contre la culotte de velours du père Philibert…