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Le pays du Tseu

Cardzot n°67

25 Novembre 2014 , Rédigé par Olivier Chambosse Publié dans #Ateliers

Cardzot n°67

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Quelques mots et expressions glanés ça et là :

 

 

bâcheur ou bâsseur : Seuil de porte. Le bas seuil s'opposait au haut seuil (le linteau). Le seuil de la porte, en zone charolaise, se dit "l'pas d'pôrte". Si il est précédé d'une grande dalle on parle de la "piârre de seuil".

 

beuclâdze : Flambage du porc pour éliminer les soies résiduelles. Ce terme va avec le verbe beucler alors que le terme beucllâdze (beuçhâdze) va avec le verbe beuclli (beuçhi). Pour la finition du beuclâdze on utilisait des brondes de paille.

 

corner les trontses : variante brionnaise de écorner les tronches. Les tronches ou trontses sont les écornats charolais, des arbres têtards qui étaient ébranchés tous les 6 ou 7 ans pour faire du bois de chauffage. Cette pratique se perd avec l'utilisation des broyeurs.

 

fornâdze : Il s'agit d'une variante de forni, le fournil.

 

matsine : En Charolais la machine à battre était appelée la machine, à la française, alors qu'en Brionnais on disait la matsine, sans aucun état d'âme.

 

mner d'guéret : Cette expression était en usage en limite du Brionnais, juste sur l'autre rive de la Loire. Opération consistant à ramasser la mauvaise herbe sèche d'une terre, à arracher les racines avec la herse à ressort puis l'autre herse et à brûler tous ces débris. La terre restait ainsi une année entière avant d'être de nouveau cultivée.

 

rlodze : Horloge. Notons ici le compliment d'un éleveur du Brionnais à un autre, au sujet d'une vache particulièrement belle : T'as eune bééite, alle brille cment un rlodze !

 

 

En dégustant le traditionnel gâteau du cardzot nous avons évoqué quelques gourmandises :

 

 

l'épogne : C'est encore un gâteau en pâte levée, originaire de Savoie, mais bien connu sous ce nom dans tout le pays du Tseu. Epogne aux prâlines ou épogne aux grattons, il y a une épogne pour toutes les circonstances, on y met à peu près tout ce qu'on veut.

 

la gouère : Galette épaisse, cuite au four. Attention, un (ou une) gouère, en langage des banlieues, c'est un (ou une) français "de souche", par opposition à un beur.

 

la miéchire : C'est un gâteau en pâte levée au levain ou à la levure de boulanger, sucrée ou salée, qui était cuit dans le four. Ce terme est surtout employé dans le nord-est du Charolais.

 

le matefaim : C'est une crêpe très épaisse pouvant contenir des pommes de terre ou un autre aliment destiné à bien caler un estomac exigeant. Rabelais le cite avec cette orthographe, francisation du francoprovençal matafan. Il semblerait qu'avant d'avoir la consistance d'une crêpe, le matefaim était une galette.

 

le tartoillon : Clafoutis. Pendant la guerre on faisait cuire le tartoillon (clafoutis aux fruits, cerises, pommes, poires...) dans le four à pain en le mettant sur une feuille de chou.


 


 

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L
Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu dis et avec toutes les phrases que tu cites. Je faisais juste une remarque à propos de "à l'origine, le matafan n'était pas une crêpe, mais une galette de pommes de terre". Difficile à croire, car la pomme de terre n'a en France guère plus de 200 ans alors que la pâte à crêpe (farine+eau) dépasse largement les 2000 ans. Mais peut-être bien que se servir de Rabelais pour faire cette remarque était un peu nulle. Bon appétit!!
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O
Je n'y connais rien en cuisine, ce qui est sûr, comme tu l'as bien remarqué, c'est que si avant d'être une crêpe, le matefaim était une galette, ce n'était assurément pas une galette de pommes de terre. Je corrige tout de suite.
L
Il me semble que Rabelais n'a pas beaucoup mangé de pommes de terre
Répondre
O
Je n'en doute pas, mais il connaissait les &quot;matefaim&quot;, l'encyclopédie universelle le confirme :<br /> <br /> matefaim<br /> ← Précédent Suivant →<br /> * * *<br /> matefaim [ matfɛ̃ ] n. m.<br /> • 1894; matafain 1546; de 1. mater et faim<br /> ♦ Région. (Franche-Comté, Lyon, Savoie) Galette, crêpe épaisse. Les matefaims de Montbéliard.<br /> * * *<br /> ● matefaim nom masculin (de mater 1 et faim) Crêpe épaisse. (Spécialité franc-comtoise et lyonnaise.)<br /> * * *<br /> ⇒MATEFAIM, subst. masc.<br /> Région. (Centre-Est). Crêpe très épaisse. Marat connaissait le rythme des veillées bressanes: vin jusqu'à minuit; à minuit, jambon et lard, tartes et matefaims (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.148). Les matefaims de Montbéliard sont renommés (Ac. Gastr. 1962).<br /> Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1546 matafain (RABELAIS, Tiers Livre, chap.28, éd. M. A. Screech, p.200); 1560 matefaim (J.BRUYÉRIN CHAMPIER, De re cibaria, Lyon, l. VI, ch. II ds SAIN. Lang. Rab. t.2, p.182). Mot lyonnais d'apr. Bruyérin Champier, répandu dans le domaine fr.-prov. (FEW t.6, 1, p.519b), comp. de mate- forme verbale de mater1*, et de faim*.<br /> * * *<br /> matefaim ou mate-faim [matfɛ̃] n. m.<br /> ÉTYM. 1540; de 1. mater, et faim.<br /> ❖<br /> ♦ Galette, crêpe épaisse, etc. Plur. des matefaims, des mate-faims, ou invar. des mate-faim.<br /> 0 (…) nous arpentions l'avenue des Ternes, mangeant en guise de dîner des beignets farcis de confiture que nous appelions des mate-faim.<br /> S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 33.
L
De mieux en mieux ces cardzots, on apprend même du langage des banlieues maintenant!
Répondre
C
Pendant la guerre de 1940, en Bresse de l'Ain, on n'employait pas le mot "crêpe", mais "matefaim" pour ce que le français appelle maintenant crêpe. Il est vrai que, pour les plus affamés, la cuisinière faisait tremper une tranche de pain dans la pâte et la cuisait dans la poêle avec la crêpe elle-même, ce qui comblait bien plus vite les appétits.
O
C'est en cela que le patois peut rester en vie, en fricotant avec les parlers d'aujourd'hui.